Pour une fois, les récalcitrants de lInternet et de ses nouveaux outils, les ardents défenseurs de lencre et de la plume, des manuels que lon feuillette peuvent crier victoire. Enfin, la fiabilité du Web, célébré comme le plus vaste champ de connaissances au monde, est prise en défaut. Non, cest exagéré, il est communément admis quInternet nest pas un outil parfait et quil ne fournit pas des applications parfaites.
Plus que ses imperfections, ce qui est parfois gênant, sur la Toile, cest que les informations proviennent de partout. Et dans toutes les langues. Pour linstant, par manque dun langage numérique universel, dun espéranto de lInternet que nous apprendrions tous à lécole en même temps que les rudiments de lordinateur, nous navons pas dautre solution que de recourir aux dictionnaires ou aux moteurs de traduction proposés par de nombreux sites.
Ceux qui naviguent aussi bien sur le Net quentre diverses langues sont ainsi habitués à cliquer sur le lien Google vers son outil linguistique, à droite de lespace où lon tape ses mots clé. Un copié, un collé et lon obtient une traduction du texte que lon ne parvient pas, seul, à déchiffrer. Et les traductions du Web prêtent souvent à sourire car les moteurs traduisent généralement les phrases mot à mot, doù un résultat approximatif. Les tournures grammaticales ne sont évidemment pas toujours correctes et certains termes employés ne sont pas du tout appropriés au regard du thème du texte. Et cest de pire en pire lorsque le texte en question aborde un sujet obscur ou très technique.
Deux systèmes de traduction dominent lInternet : Systran (le leader), utilisé par Google, Yahoo ! ou Wanadoo, et Reverso utilisé par France2.fr ou nouvelobs.cm. Dans les deux exemples retenus, il apparaît que le moteur Reverso fournit une traduction plus précise avec des propositions entre parenthèses, même si les deux versions se ressemblent fortement (voir ci-dessous).
Les moteurs de traduction sur Internet ne remplaceront donc pas de sitôt les bibles des traducteurs, les dictionnaires unilingues et bilingues qui fournissent des synonymes et des expressions idiomatiques. Une comparaison rapide pour sen assurer avec le verbe « to talk » – nous nous intéressons ici exclusivement à langlais, qui est le langage du Web : la traduction sur Internet est pour le moins sibylline (« parler »), alors que le Harraps Shorter détaille sur un tiers de page les divers sens et expressions autour de lui. « To talk away » est traduit sur Internet par « parler loin » et par « parler sans arrêt » par le dictionnaire. Pour la traduction précise dun mot ou dune expression, il vaut donc mieux se référer aux usuels.
Mais les traducteurs sur Internet permettent surtout de comprendre le sens général dun texte qui apparaît obscur à la première lecture. Même imparfaits, ces moteurs se révèlent être dune aide précieuse pour ceux qui désirent le contenu dune page Internet mais qui nont ni le temps ni lenvie de rechercher dans un dictionnaire le sens des mots qui font obstacle à la compréhension du texte.
Exemple 1 : le poème de Rudyard Kipling « Tu seras un homme, mon fils »
Version anglaise
If you can see destroyed the work of your life
And, without saying a word, putting to you to rebuild
Or to lose of only one blow the profit of one hundred parts
Version française
Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre d’un seul coup le gain de cent parties
Version traduite par Systran (Google.fr)
Si vous pouvez voir détruisiez le travail de votre vie
Et, sans dire un mot, mettant à toi à la reconstruction
Ou pour perdre de seulement un coup le bénéfice de cent
Version traduite par Reverso (France2.fr)
Si vous pouvez voir a détruit le travail de votre vie
Et, sans dire un mot, mettant à vous pour reconstruire
Ou perdre de seulement un coup le bénéfice de cent parties
Exemple 2: la définition du photon dans la physique quantique tirée dun site consacré aux termes de la physique. Une seule solution pour ce texte assez technique : avoir recours au dictionnaire et au moteur de traduction sur Internet, puis essayer de deviner le sens des mots dont la traduction ne sest pas révélée satisfaisante ou faire appel à un autre genre de traducteur un physicien !
Version anglaise :
The basic unit (« quantum ») of electromagnetic radiation (and therefore light), usually denoted . Photons were first postulated by Planck,
Anne-Sophie España